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Chapitre 1 : L’innovation à tout prix !

Abstract : L’innovation numérique dans l’industrie

Dans une société en perpétuelle mouvance, innover semble être le mot d’ordre pour survivre. Mais faut-il vraiment innover à tout prix? Cet article s’attache aux bases qui nous semblent essentielles pour pouvoir innover efficacement.

Un deuxième article à venir abordera le sujet du développement de l’innovation, de l’idée jusqu’à la preuve de concept et un dernier explorera comment réussir son industrialisation.

Ces articles n’ont pas la prétention d’être exhaustifs mais sont un simple partage d’une vision issue de notre expérience.

1. Pourquoi innover ?

L’importance de la définition du cadre

Dans le domaine du sport, en 1983 Patrick Poivre d’Arvor fait la présentation d’une « nouveauté » représentée sous la forme d’une montre jogging permettant aux sportifs de mesurer leurs efforts. Vingt ans plus tard, Garmin propose l’ajout technologique du GPS aux montres « connectées » existantes. Pour autant en 2014, un large public ne s’intéresse pas encore à ces « innovations ».

En 2019, les ventes font un bon fulgurant de 12 millions d’unités avec une progression de 43,6% (Strategy Analytics) en 1 an, la part de marché d’Apple en est de 46,6%. Hormis la fonctionnalité de la mesure d’ECG (Électrocardiogramme) accessible sur l’Apple Watch Série 4, les technologies se basent sur les prouesses des années 80.

Ce n’est pas la technologie à elle seule qui constitue l’innovation mais bien l’usage qu’on lui associe.

Par ce rapide exemple, nous comprenons que ce n’est pas la technologie à elle seule qui constitue l’innovation mais bien l’usage qu’on lui associe. Pendant près de 25 ans, les produit développés à partir des technologies évoquées n’auront séduit qu’un faible nombre de personnes jusqu’à ce qu’Apple s’empare du sujet.

Afin de donner tout son sens à la technologie et donc à l’innovation, il convient de définir un cadre en se posant la question du “pourquoi innover ?” avant du “comment ?”: c’est le champ d’innovation.

Il intégrera trois dimensions, à savoir :

●      La vision (ce que je veux / ce que je refuse)

●      Les ressources (matérielles / ressources humaines / financières / temps / actifs)

●      L’environnement (politique, économique, sociologique, technologique, environnemental légal, concurrentiel )

Une qualité indispensable à cette maîtrise est l’adaptabilité. Il conviendra de redéfinir régulièrement les trois dimensions.

2. Les méthodes pour générer des idées 

On distingue deux grandes étapes dans le processus de créativité : la divergence et la convergence.

2.1 Diverger

Cette première étape a pour but d’ouvrir largement le champs d’exploration sans penser aux contraintes éventuelles. On fera ici appel à l’imagination, à l’utopie et on s’abstiendra de tout jugement. Cette exploration invite à s’inspirer de tout ce qu’offre l’environnement pour imaginer des solutions à un projet. Elle invite notamment à observer et à s’inspirer d’autres secteurs d’activités mais aussi d’autres univers tout à fait étrangers au monde de l’entreprise. En les transposant dans son propre univers, germent des idées nouvelles.

Il faut cependant être vigilant, notamment lorsqu’il s’agit de rechercher des technologies. Cette approche peut contraindre les vrais besoins aux capacités de la technologie considérée.

Explorer, c’est également aller à la rencontre du marché, de sorte à expérimenter ce que vit le futur usager. C’est l’art de se mettre à sa place pour ressentir les points de douleurs qu’il rencontre et identifier ses habitudes.

Aussi brillant soit le produit, il n’y aura d’innovation que si la solution répond aux besoins et aux contraintes (avoués ou inavoués) d’une cible.

2.2 Converger

Si l’on se souvient du « EUREKA » des savants lorsqu’ils trouvent la solution à un problème, on oublie qu’une illumination ne suffit pas à innover. Encore faut-il qu’elle converge vers la réalité de l’entreprise et de son environnement. Chaque idée doit être évaluée selon sa cohérence vis-à-vis du cadre défini, ainsi que sa faisabilité, qu’elle soit technique, financière, réglementaire ou encore liée au marché. Concernant ce dernier point, n’oublions pas qu’une innovation, c’est avant tout une invention qui a trouvé son marché.

3. L’importance de l’étude d’usage

3.1“Be client centric”

Avant l’éclosion d’une vision dite “de l’usage”, une étude menée par IBM en 2008 constatait que sur un taux d’échec proche de 80% des innovations mises sur le marché, 45% sont dues à une inadéquation entre le produit et le marché. Dix ans plus tard, Véronique Hillen, docteur en design industriel, fait le même constat quant à la principale cause de l’échec des innovations.

« Les nouvelles technologies servent l’innovation à partir du moment où elles servent la société. » Véronique Hillen

Inspirée du mode de pensée des designers, l’étude des usages revient à étudier les valeurs, les contraintes, la culture, les habitudes, les besoins des usagers. On constate que, pour être efficace, une telle étude doit être réalisée dès les premières phases du processus d’innovation et ne doit pas s’arrêter mais au contraire être réitérée à chacune des étapes de conception du produit.

3.1.1 L’exemple Coca-Cola

L’histoire de l’échec du lancement du New Coke par Coca-Cola en 1985, nous enseigne que l’étude des usages est une pratique bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne suffit pas d’interroger le marché pour “viser juste”. Coca-Cola, en interrogeant ses consommateurs pensait réellement répondre à leurs attentes. Son erreur aura été de se focaliser sur le produit plutôt que sur le client. Si tel avait été le cas, l’entreprise se serait aperçue de l’attachement de ses consommateurs pour la marque et non pour le goût de la boisson en elle même.

Conclusion

La qualité d’une démarche d’innovation va au delà du produit créé. Elle permet une introspection au sujet des valeurs de la société, de sa raison d’être, de projeter des relais de croissance, d’améliorer la connaissance terrain ou encore d’engager une construction d’équipe. Dans cet article nous avons pu parcourir un ensemble de raisons montrant l’importance de l’usage au sein de la démarche d’innovation. Cette vision d’usage, incarnée dans une démarche de design, doit permettre de crédibiliser l’initiative, de valider les points d’étapes et de maîtriser/adapter la R&D. L’étape succédant à la théorie consiste à manipuler rapidement l’idée à développer. Cette manipulation permettra de prouver le concept soumis dans sa technique et dans son utilisation.

Nous présenterons dans notre prochain article la première phase de développement dite de Preuve de Concept (POC).

Auteurs

Camille MONTAGNE, Innovation Program Manager, Village By CA Centre-est

Arnaud ROQUEL, CEO, Everblix

Références